La gestion des marchés de gros de fruits et légumes sous la loupe de la Cour des comptes

Dans un contexte où la maîtrise des prix et des chaines de distribution suscite une polémique inédite chez l’opinion publique, à cause d’une tendance inflationniste très inquiétante, qui frappe le monde y compris le Maroc, le dernier rapport de la Cour des comptes se focalise sur la gestion de marchés de gros des fruits et des légumes au Maroc.
Les magistrats soulignent des dysfonctionnements au niveau de l’écosystème qui requiert des réformes. Parmi les constatations, la Cour dévoile l’absence de marchés de gros dans des régions comme Souss-Massa, et dans des villes comme Beni Mellal, Mohammedia et Benslimane.
En effet, le Maroc totalise 29 marchés de ce genre, qui varient selon la taille mais ne couvrent pas toutes les régions du pays, même dans des régions agricoles. Ils ont permis d’écouler une moyenne annuelle de 3MT de fruits et légumes sur la période 2012-2020, et ont généré une moyenne annuelle de 300 MDH de recettes fiscales à leurs communes d’implantation, dixit la Cour des comptes.
L’absence des marchés structurés et réglementés, indique la Cour, donne naissance à ceux non réglementés, sous forme de souks hebdomadaires ou quotidiens, avec un taux de 6 millions de tonnes de fruits et légumes qui débarquent annuellement dans ce genre de marchés.
Un autre souci s’ajoute aux problématiques de l’infrastructure, c’est la fiscalité. En effet, la Cour précise qu’une faille fiscale existe en termes de contrôle des quantités échangées et des revenus enregistrés. Les recettes collectées par les collectivités territoriales stagnent (+12%) autant que la quantité des produits échangés (+29%). Annuellement, les communes territoriales génèrent 300 MDH, dont 36% à Casablanca, apprend-on dans le rapport.
La Cour indique également que les marchés de gros sont incapables de fixer les prix, et les prix homologués ne reflètent pas les prix appliqués dans les marchés de gros, vu l’absence aussi d’un suivi et d’un contrôle des marchandises et des bénéficiaires à l’entrée des marchés ainsi que lors des opérations de déchargement et de vente.
Le manque du contrôle est expliqué par le manque du rôle des communes et des mandataires au sein des marchés, ce qui a causé une série de dysfonctionnements, entre autres, la non-maîtrise des flux et des prix, la faiblesse des prestations fournies en contrepartie des rémunérations payées par les usagers, l’occupation illégale, le désordre dans les espaces in site et hors site et la vétusté de l’infrastructure qui souffre également d’un manque d’hygiène.
La Cour a proposé des réformes stratégiques afin de pallier ces problèmes, et ce, en vue de faire face aux vicissitudes des prix et d’approvisionnement ainsi que de distribution dans le pays, telles qu’augmenter les revenus des marchés de gros en fonction du nombre des transactions réelles ; rétablir la confiance entre les acteurs des marchés de gros à travers l’application de procédures claires et généralisées ; instaurer un système de contrôle efficace afin de contrôler les transactions et les prix à l’intérieur et à l’extérieur des marches ; structurer les producteurs et les professionnels de manière à assurer les services et la compétitivité tout en facilitant l’accès des clients et la circulation des produits ; fournir des services et activités secondaires sur les marchés de gros ; tirer parti des formes de gestion sur le modèle des entreprises privées autant que possible.