Yassine Bono, le gardien de but de tous les continents

Né au Canada, il défend les couleurs du Maroc, a été sacré champion avec Séville, et est aujourd’hui la star d’Al Hilal, qui affrontera ce vendredi Fluminense pour une place en demi-finales de la Coupe du Monde des Clubs. En plus, il est un fervent supporter de River Plate, selon un rapport publié par le site de la FIFA.
Dans un jeu de questions-réponses sur le football, une carte pourrait lancer le défi suivant : qui est ce joueur né en Amérique du Nord, naturalisé dans un pays africain, qui s’est forgé un nom en Europe, évolue dans un géant asiatique et qui ne cesse de déclarer son amour pour l’Amérique du Sud, en particulier pour un club argentin ?
Et si ces indices ne suffisaient pas, on pourrait en ajouter d’autres : ce joueur a atteint les demi-finales de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™, et cherchera à nouveau ce vendredi à atteindre ce stade dans la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2025™. L’énigme n’a alors plus qu’une seule réponse possible : le Marocain Yassine Bounou, tel que l’indique sa carte d’identité, mais mieux connu dans le monde du football sous le nom de Bono.
Début au Wydad AC
Né à Montréal, au Canada, Bono n’avait que trois ans lorsque ses parents – tous deux Marocains – décidèrent de retourner à Casablanca, leur ville d’origine. Il y débuta sa carrière au Wydad AC, l’un des quatre représentants africains au premier tour de la Coupe du Monde des Clubs 2025™, avant de s’envoler pour l’Europe où il porta les couleurs de l’Atlético de Madrid B, du Real Zaragoza, du Girona FC et du Sevilla FC, club avec lequel il remporta deux UEFA Europa League, en 2020 et 2023.
À la mi-2023, alors que figurait déjà à son palmarès une performance exceptionnelle avec l’équipe nationale du Maroc lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™ – notamment lors du huitième de finale contre l’Espagne, où il repoussa deux tirs au but –, le gardien franchit un nouveau cap en rejoignant Al Hilal, en Arabie saoudite.
Après avoir stoppé un penalty tiré par l’Uruguayen Federico Valverde, star du Real Madrid CF, lors de ses débuts dans la Coupe du Monde des Clubs, Bono s’est à nouveau distingué lundi dernier lors de la victoire historique 4-3 contre Manchester City à Orlando, en huitièmes de finale du tournoi. Ce vendredi, dans la même ville, le club saoudien jouera une place en demi-finales face au Fluminense FC, représentant d’un continent dont Bono admire aussi le football à distance : l’Amérique du Sud.
Lors de cette rencontre spectaculaire contre l’équipe de Pep Guardiola, une parade incroyable de Bono a fait le tour des réseaux : alors qu’il semblait battu, étendu au sol, le visage contre la pelouse, il réussit à changer de main et détourner du gauche, en ultime réflexe, une frappe de Savinho. Mais en Amérique du Sud, et surtout en Argentine, ce sont ses déclarations d’après-match qui ont fait vibrer : son souhait, un jour, de porter le maillot de River Plate.
« Je porte les supporters de River et toute l’Argentine dans mon cœur. Je les aime beaucoup et je les remercie pour leur soutien constant », a confié Bono, 34 ans, sous contrat avec le club saoudien jusqu’à la mi-2026, à l’issue d’une soirée magique où il a réalisé 10 arrêts. Le gardien marocain avait déjà affiché sa sympathie pour River après le premier match d’Al Hilal dans ce tournoi. « J’ai l’impression d’avoir une famille en Argentine, à River », avait-il déclaré après le nul 1-1 contre le Real Madrid, lorsqu’on lui avait demandé s’il envisageait un jour de rejoindre le club argentin.
« Le football dépend des circonstances. Parfois, ça se fait, parfois non, il y a des contrats. River a toujours été un rêve depuis mon enfance. Dans le football, on ne sait jamais où l’on peut finir. Il y a aussi un aspect familial, ce n’est pas si simple. Un gardien, il n’y en a qu’un seul par équipe, donc ce n’est pas facile que l’opportunité se présente », avait répondu Bono, qui espérait alors ne pas affronter River Plate dans le tournoi. Le club argentin était encore en lice.
« J’espère que non (qu’on ne les affrontera pas), parce que je suis pour River, j’espère que non. J’ai vu leur premier match, ils ont très bien joué. Je leur souhaite bonne chance », a-t-il déclaré en référence à la victoire 3-1 du River Plate de Marcelo Gallardo contre les Urawa Red Diamonds. Toutefois, River fut éliminé dès la première phase, derrière l’Inter Milan et le CF Monterrey, dans le groupe E.
En réalité, l’envie de Bono de jouer un jour dans un géant sud-américain ne date pas d’hier. « J’ai toujours eu cette passion pour River. Si cela peut se concrétiser un jour, ce serait un plaisir, c’est un rêve de jouer dans le championnat argentin », confiait-il en 2024. « Quand j’étais petit, à Casablanca, on nous passait souvent des matchs du football argentin, et le premier maillot que mon père m’a offert était celui d’Ariel Ortega, le numéro 10 qu’il portait contre l’Angleterre au Mondial 1998 », racontait-il en 2021.
La passion de Bono pour Ortega est telle qu’il a même donné à son chien le prénom d’Ariel, en hommage à l’ancien attaquant de l’Argentine et de River dans les années 90. D’ailleurs, alors qu’il jouait à Séville, Bono assista en personne au seul match officiel que River a disputé en Espagne : la mythique finale de la Copa Libertadores 2018 contre Boca Juniors.
Après avoir affronté en phase de groupes le Real Madrid, le CF Pachuca, le FC Salzburg et Manchester City, Al Hilal disputera ce vendredi son premier match contre un club sud-américain, Fluminense. Pour Bono, le gardien « de tous les continents », ce sera aussi une première contre une équipe d’Amérique du Sud — une manière de se rapprocher, symboliquement, de son cher River Plate.