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Banque Mondiale : Tour d’horizon des études du groupe sur l’impacte de la pandémie

Un tour d’horizon des études du Groupe de la Banque mondiale qui illustrent la gravité de l’impact de la pandémie alors qu’elle entre désormais dans sa troisième année. C’est occasion, pour les auteurs de l’article, de revenir sur la réactivité et l’innovation dont la Banque mondiale a fait preuve en réponse à la crise.

Inégalité d’accès aux vaccins

Plus de 64 pays bénéficient de financements de la Banque mondiale pour l’achat et le déploiement de vaccins anti-COVID, pour un montant total de 6,3 milliards de dollars. La Banque a assuré à ce jour l’achat de près de 300 millions de doses destinées à des pays en développement. Elle collabore également avec le mécanisme COVAX et avec l’Union africaine, dans le cadre du Fonds pour l’acquisition de vaccins en Afrique (AVAT), lequel permettra aux pays d’acheter et de déployer des vaccins au profit de 400 millions de personnes. Le Groupe de la Banque mondiale a également conjugué ses efforts avec ceux du FMI, de l’OMC et de l’OMS pour former le Groupe de travail des dirigeants multilatéraux sur la COVID-19. Le but de cette initiative est de renforcer la coordination entre les institutions multilatérales, les gouvernements et le secteur privé afin de permettre aux pays en développement d’accéder plus rapidement aux vaccins COVID-19 ainsi qu’à d’autres outils sanitaires essentiels, en tirant parti des solutions financières et commerciales multilatérales. En outre, les financements de la Banque mondiale aident aussi les pays à acheter des équipements de protection individuelle, des produits thérapeutiques, des outils de diagnostic et de l’oxygène, soulignent-ils, notant que le Groupe de la Banque mondiale aide au total plus de 100 pays à faire face à l’urgence sanitaire, à renforcer les systèmes de santé et la préparation aux pandémies, à protéger les personnes pauvres et vulnérables, à soutenir les entreprises, à créer des emplois et à amorcer une reprise verte, résiliente et inclusive.

Campagnes de vaccination

Selon les auteurs, la Banque aide les pays à investir dans une meilleure préparation en se dotant de systèmes de santé résilients capables de détecter, identifier, traiter et casser les chaînes de transmission de virus mortels. La Banque, en collaboration avec ses partenaires, a évalué la capacité des États à distribuer des vaccins anti-COVID en toute sécurité dans plus de 140 pays. Alors que les campagnes vaccinales ont débuté, ces évaluations fournissent des informations extrêmement utiles sur l’état de préparation des pays. Elles révèlent que la plupart des pays s’attachent à renforcer des maillons fondamentaux de la chaîne d’administration des vaccins, essentiels pour respecter les calendriers de vaccination et immuniser leurs populations. Et, malgré des lacunes, la majorité des pays sont suffisamment prêts dans un certain nombre de domaines cruciaux.

Reprise économique inégale

La reprise économique s’annonce inégale entre pays à revenu élevé et pays à revenu faible et intermédiaire. Selon les Perspectives économiques mondiales publiées en juin, la croissance de l’économie devrait atteindre 5,6 % en 2021, affichant ainsi un rebond post-récession d’une ampleur sans précédent en 80 ans. Mais cette reprise sera inégale : avec des projections qui tablent sur une croissance de 2,9 %, les pays à faible revenu devraient connaître cette année leur plus faible performance depuis 20 ans (année 2020 non comprise). La prochaine édition des Perspectives économiques mondiales sera publiée en janvier.

Pertes de revenus pour les plus pauvres

L’inégalité de la reprise est manifeste en termes de pertes de revenus. En 2021, les revenus des pauvres ont encore baissé tandis que les plus riches ont commencé à rattraper leurs pertes initiales. De fait, les 40 % les plus pauvres n’ont toujours pas récupéré leurs pertes de revenu. En raison de ce déclin, environ 100 millions de personnes supplémentaires vivent dans l’extrême pauvreté.

Par ailleurs, les hommes et les femmes ont traversé la crise de manière très différente. Une analyse des données produites par la Banque et d’autres partenaires montre que les femmes en ont subi des conséquences plus lourdes sur l’emploi, le revenu et la sécurité.

Rôle du commerce dans la reprise mondiale

Le commerce joue également un rôle crucial dans la reprise économique, comme en témoigne un récent rapport de la Banque mondiale (a). Après les fortes perturbations causées par la pandémie sur les échanges mondiaux, le commerce connaît un net rebond, qui contribue au redémarrage de l’économie. Le commerce international est un moteur de la reprise économique post-COVID : il contribue à une demande d’exportations soutenue et permet de disposer de produits et services intermédiaires importés. Les pays les moins avancés, dont les capacités de relance budgétaire sont limitées, sont particulièrement tributaires du redressement des échanges pour tirer la croissance économique. Alors que la pandémie a mis en lumière la nécessité de préserver les flux transfrontaliers de marchandises, le Groupe de la Banque mondiale soutient les réformes menées par les pays afin de limiter l’impact de la pandémie et de favoriser la reprise économique.

Montée des niveaux d’endettement

Pendant la pandémie, le fardeau de la dette s’est fortement alourdi dans les économies émergentes et en développement. La situation est critique dans les pays à faible revenu, dont la moitié étaient déjà surendettés ou au bord du surendettement avant même l’arrivée de la COVID-19. Comme le rappellent les Perspectives économiques mondiales de juin 2021, on assistait depuis 2010 à une hausse des niveaux d’endettement dans le monde sans précédent par sa rapidité, son ampleur et son caractère généralisé.

Les effets du fardeau de la dette se feront sentir longtemps après le reflux du virus : la hausse du coût du service de la dette va ralentir l’élan de la reprise et entraver les efforts dirigés vers d’autres défis du développement, à l’instar du changement climatique.

La communication de données sur la dette

La communication des données sur la dette est un exercice complexe. La surveillance de la dette mondiale repose sur tout un ensemble de bases de données disparates qui s’appuient sur des normes et des définitions variées. Ces incohérences dans les bases de données locales et internationales conduisent à des écarts importants, les variations dans les décomptes publiés de la dette pouvant représenter jusqu’à 30 % du PIB pour les pays à faible revenu.

Champ de l’éducation

La pandémie a gravement perturbé la vie des jeunes enfants, des étudiants et de la jeunesse en général, et a encore exacerbé les inégalités dans l’éducation. En raison de la fermeture prolongée des écoles et de la médiocrité des acquis scolaires, la proportion d’enfants incapables de lire un texte simple pourrait atteindre 70 % dans les pays à revenu faible et intermédiaire, selon des estimations récentes de la Banque mondiale.

Cette situation aura des conséquences durables sur les revenus futurs, la baisse de la pauvreté et la réduction des inégalités. Selon les dernières estimations, cette génération d’élèves risque désormais de perdre 17 000 milliards de dollars de revenus tout au long de la vie. En réponse à l’aggravation de la crise de l’éducation, la Banque a rapidement intensifié son aide aux pays en développement et soutient des projets bénéficiant à plus de 432 millions d’élèves et 26 millions d’enseignants, soit un tiers de la population étudiante et près d’un quart de la communauté enseignante dans ses pays clients.

Les produits de base

Sur le front des prix des produits de base, la situation n’est pas favorable. Selon la dernière édition du Commodity Markets Outlook, les prix de l’énergie devraient en moyenne s’établir en 2021 à un niveau supérieur de plus de 80 % à celui enregistré l’année dernière.

Étant donné que l’énergie est une matière première essentielle pour la production alimentaire et le chauffage, cette flambée des prix risque d’avoir des répercussions en aval. La hausse des cours de l’énergie a déjà eu une incidence sur les prix des engrais, entraînant par ricochet une augmentation du coût de la production alimentaire.

Au second semestre de 2021, les prix des matières premières alimentaires ont commencé à se stabiliser à la faveur de perspectives positives sur le front de l’offre mondiale, tout en restant supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie. On assiste en outre à une montée de l’inflation des prix alimentaires intérieurs dans la plupart des pays, avec pour effet de rendre l’achat d’aliments sains encore plus difficile pour les pauvres. Une situation qui risque d’aggraver l’insécurité alimentaire dans les pays en développement.

Crise climatique

Selon les estimations de la Banque mondiale, le changement climatique pourrait entraîner jusqu’à 132 millions d’individus dans la pauvreté à l’horizon 2030, sachant que la majeure partie des habitants les plus pauvres du monde vivront dans des régions en proie à la fragilité, aux conflits et aux violences. Alors que la pauvreté va déjà de pair avec la vulnérabilité à des risques liés au climat comme les inondations et les maladies à transmission vectorielle, le changement climatique représente un obstacle majeur à la réduction de l’extrême pauvreté.

Le changement climatique peut devenir une cause majeure de migration interne. D’ici à 2050, 216 millions de personnes pourraient être contraintes de migrer à l’intérieur de leur pays en raison du changement climatique, alerte le dernier rapport Groundswell.

Il est toutefois encore possible de réduire considérablement l’ampleur des migrations climatiques internes et de mieux gérer ces flux grâce à une action mondiale coordonnée en vue de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre et de soutenir un développement vert, résilient et inclusif.

Face à ces défis urgents, le Groupe de la Banque mondiale a rendu public son nouveau Plan d’action sur le changement climatique 2021-2025, qui prévoit une hausse sans précédent de ses financements pour le climat en faveur des pays en développement, dans le but de soutenir la réduction des émissions de carbone, de renforcer l’adaptation et d’aligner ses flux de financements sur les objectifs de l’accord de Paris. Avec ce nouveau plan, le Groupe de la Banque mondiale entend élargir son action, pour non plus seulement investir dans des projets « verts » mais aider les pays à intégrer pleinement leurs objectifs en matière de climat et de développement.

 

 

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