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Banque mondiale : Les citoyens exclus de la relance économique du Maroc

Le Maroc connaît une résurgence économique, avec une croissance de 2,9% au premier semestre 2023, après un ralentissement important en 2022, selon le dernier rapport de la Banque mondiale intitulé « Mise à jour économique du Maroc : de la résilience à la prospérité partagée » .

Le rapport souligne que ce rebond est dû à l’industrie des services et aux exportations nettes du Maroc, à la reprise partielle de l’agriculture – qui avait souffert en 2022 d’une contraction de -12,9% du PIB agricole – et au tourisme, avec 12 millions de touristes ayant visité le Maroc à la fin de l’année. Octobre.

L’inflation a notamment chuté de 50 % entre février et août 2023, comme le détaille le rapport. Cela indique un changement positif dans la dynamique économique, le Maroc semblant avoir surmonté les obstacles qui ont temporairement entravé sa croissance.

Faire face aux pressions des dépenses publiques

Cette reprise économique n’est pas sans défis, comme le souligne le rapport de la Banque mondiale. Les crises récentes, aggravées par les réformes en cours des systèmes de santé et de protection sociale, ont exercé une pression sur les dépenses publiques.

Malgré ces défis, le gouvernement a démontré un engagement louable à réduire progressivement le déficit budgétaire, une stratégie mentionnée dans le rapport de la Banque mondiale. Le rapport prévoit une trajectoire de croissance soutenue, projetant une croissance du PIB réel de 3,1 % en 2024, de 3,3 % en 2025 et de 3,5 % en 2026, à mesure que la demande intérieure se remet progressivement des chocs récents.

Le tremblement de terre d’Al Haouz : dévastation locale, impact macro limité

Le tremblement de terre qui a frappé Al Haouz le 8 septembre a eu des conséquences dévastatrices, tant en termes de vies humaines, avec au moins 300 000 personnes touchées, que de pertes matérielles, avec 60 000 bâtiments totalement ou partiellement détruits.
Toutefois, l’impact macroéconomique devrait être limité, selon les conclusions du rapport de la Banque mondiale.

La Banque mondiale a analysé que les zones touchées représentent une part modeste du PIB du Maroc, perturbant principalement les activités économiques locales. En réponse à cette catastrophe, le gouvernement a rapidement fourni une aide financière aux ménages touchés et a mis en place un plan de développement ambitieux pour les provinces du Haut Atlas.

Ce plan vise à favoriser une croissance inclusive à moyen et long terme, mais sa mise en œuvre pourrait poser des défis supplémentaires en fonction de la disponibilité des financements.

Résilience externe face aux chocs

La résilience extérieure du Maroc témoigne de la capacité du pays à gérer divers chocs, souligne le rapport de la Banque mondiale. Du tremblement de terre d’Al Haouz aux défis plus larges découlant de la pandémie de COVID-19 et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le pays a démontré une capacité remarquable à résister aux perturbations.

Le rapport met l’accent sur plusieurs indicateurs de cette résilience externe, notamment une demande étrangère robuste et croissante pour les biens et services marocains, une augmentation des investissements directs étrangers (IDE) dirigés vers le secteur manufacturier et un accès durable aux marchés financiers internationaux dans un contexte de resserrement financier mondial.

Les défis du bien-être domestique : une histoire de disparités

Derrière cette résilience externe se cache toutefois un récit inquiétant de défis internes, comme le détaille le rapport de la Banque mondiale. La confiance des ménages diminue, atteignant des niveaux historiquement bas.

Au deuxième trimestre 2023, un nombre stupéfiant de 87,3 % des personnes interrogées ont signalé une détérioration de leur qualité de vie au cours de l’année écoulée, une tendance inquiétante soulignée par le rapport de la Banque mondiale. Le PIB par habitant n’a pas encore retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie, et les dépenses de consommation par habitant stagnent aux niveaux d’avant la pandémie.

Les performances économiques du pays masquent l’impact disproportionné de l’inflation alimentaire sur les pauvres et les vulnérables. De plus, des segments de la population, notamment les femmes et les jeunes, se retrouvent exclus du marché du travail.

Les pertes d’emplois persistent dans les zones rurales, où les activités agricoles continuent de souffrir de la sécheresse pluriannuelle qui a débuté en 2019. Le tremblement de terre d’Al Haouz a encore mis en évidence des poches de pauvreté persistantes dans les zones rurales qui n’ont que peu bénéficié de la profonde transformation économique observée ailleurs. au Maroc au cours des deux dernières décennies.

L’impératif de nouvelles réformes

Pour tirer pleinement parti de la résilience extérieure du Maroc et favoriser une prospérité durable, de nouvelles réformes sont impératives, souligne le rapport.

Le taux de croissance potentiel de l’économie marocaine a considérablement diminué depuis les années 2000, s’établissant actuellement à 3,6%, en dessous de la moyenne des marchés émergents et des économies en développement.

Même si le gouvernement a lancé des réformes ambitieuses pour renforcer le capital humain et encourager les investissements privés, il est essentiel, pour une croissance durable, de lever les obstacles réglementaires et institutionnels à la concurrence et de faciliter la redistribution du capital humain, des ressources et de la technologie entre les secteurs économiques concernés.

Autonomiser les femmes pour une croissance inclusive

Selon le rapport, un aspect essentiel du cheminement du Maroc vers une prospérité partagée implique l’autonomisation des femmes grâce à une plus grande participation économique. Les données internationales soulignent que l’égalité des sexes n’est pas simplement une question de justice sociale mais aussi un puissant moteur de développement socio-économique.

Malgré plusieurs réformes ambitieuses, un changement de paradigme reste nécessaire pour renforcer l’autonomisation économique des femmes marocaines.

Les simulations de la Banque mondiale indiquent que la réalisation de l’objectif du nouveau modèle de développement d’un taux de participation des femmes de 45 % au marché du travail pourrait stimuler considérablement la croissance et réduire les inégalités.

Des réformes ciblées et un appel à un changement de paradigme

Les efforts visant à autonomiser les femmes doivent être adaptés aux contraintes spécifiques rencontrées dans différents contextes, comme le détaille le rapport de la Banque mondiale. Dans les zones rurales, il est primordial de résoudre les problèmes de mobilité et d’accroître l’inclusion financière et numérique.

En milieu urbain, où l’emploi salarié est plus répandu, il devient essentiel de promouvoir des conditions de travail favorables aux femmes.

Les contraintes transversales doivent être abordées de manière globale , conseille la Banque mondiale. Cela implique d’améliorer les opportunités économiques, de créer un environnement favorable, de mettre en œuvre des réformes juridiques, de proposer des options de garde d’enfants abordables et de remettre en question les normes sociales traditionnelles.

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